KANG JAE YEOL ☾ t'es mignon mais t'es un tout p'tit breton

Tout commença en 1996, un frais matin du 7 février où j’ai décidé de pointer le bout de mon nez parce que j’en avais marre d’être entortillé dans le ventre de ma mère et je voulais voir un peu le monde qui s’offrait à moi. J’ai pas été déçu. Même pas une heure après ma naissance je me suis retrouvée devant trois têtes énormes qui me regardaient en souriant comme des idiots. Y avait ma sœur ainée, mon frère et mon père. On vivait tous les cinq dans un tout petit studio à Mokpo, au nord-ouest de la Corée, qui n’était constitué que d’une seule pièce. Le soir quand je me réveillais, bah je réveillais toute la famille avec parce que mes ainés dormaient à mes pieds et mes parents à même pas un mètre. Malgré ça, on vivait heureux et jamais mes parents ne nous ont laissé voir leur souffrance. Pas une seule fois. Pourtant, il y en a eu des moments durs… Apparemment un ami à mes parents (si on peut appeler ça un ami) leur a dit qu’il valait mieux pour eux qu’ils me mettent dans une de ces boîtes à bébé pour que je me retrouve dans une famille plus aisée où j’aurai pas à crever de faim. J’ignore si mon père lui a fait bouffer le gazon mais si c’est pas le cas, il aurait dû. Même si j’ai jamais eu les jouets que je voulais, j’ai toujours eu à manger et à boire. Ma mère a arrêté de travailler le jour où elle a accouché de ma sœur. Mon père, lui, enchaînait plusieurs petits travails qui permettaient à la famille de manger, s’habiller et payer le loyer. Sauf que voilà, quand j’étais en âge d’entrer à l’école maternelle, mes parents n’ont pas trouvé mieux que d’agrandir à nouveau la famille. Je sais pas quand ils ont eu le temps de faire ça, pour tout vous dire, mais bon ça m’a permis d’hériter à nouveau d’un frère. La maison devenue trop petite, on a tous déménagé à Busan. Mon père y connaissait quelqu’un qui pouvait nous trouver une maison plus vaste pour une somme modique et en plus de ça, il allait avoir un boulot bien plus gratifiant et grassement payé. Ma vie à Busan était bien différente de celle de Mokpo mais elle me plaisait. Dans cette ville on ne nous pointait pas du doigt en disant : « Regarde, c’est les pauvres du quartier ! ». Du coup je me suis fait pas mal de potes et ça m’a permis d’élargir mes horizons. J’ai découvert plein de trucs au fil des années, des choses que j’avais pas vu/pu faire dans ma ville natale et ça me plaisait bien. Ma mère est retombée enceinte de ma petite soeur quand je suis entré au lycée et du coup, tout a à nouveau dégringolé. On était trop à la maison, les voisins se plaignaient de nous (alors qu’on était clairement pas chiants), mon père a eu une attaque qui l’a empêché de faire son métier et il a fini par se retrouver au chômage. Finalement, c’est ma mère qui a repris les rennes en réussissant –j’ignore encore comment aujourd’hui- à faire acquisition d’une petite camionnette de street-food. Du coup, toute la famille a commencé à bosser et ça nous permet de faire vivre la famille. Quand j’ai eu l’âge de rentrer à l’université, je me suis un peu détaché. C’était pas parce que je voulais m’éloigner d’eux mais je voulais prendre un peu de temps pour moi et ma mère m’a fortement encouragé. Il était temps que je pense un peu à moi, à ce que je voulais faire et moi… je voulais bosser dans la biologie. J’ai donc commencé des études dans cette filière et c’est à peu près à cette période que j’ai appris l’existence du gang des night creepers. Au début, j’ai flippé mais après je me suis dit : « Et si ça pouvait m’aider ? Et si ça pouvait aider ma famille, aussi ? » Y avait toute une histoire d’argent, mêlé à de l’action, j’avais envie d’apporter ma pierre à l’édifice et de faire partie d’un gang qui se fait respecter. Jusqu’à où cela va me mener ? Je sais pas. Carpe diem.