sorry I thought you were a stranger [Feat Ah In ♥]

Après avoir passé la journée en compagnie de Suk-Chin, pour ne pas changer à mes habitudes, je m'en vais en direction de mon appartement, prête à rentrer chez moi, le soleil s'abaissant progressivement dans le ciel, désireux de laisser sa place à sa partenaire la lune. Ce n'est pas que je n'aime pas parcourir les ruelles le soir, lorsque seules les lumières des lampadaires éclairent la ville, mais c'est juste que je suis particulièrement fatiguée et puis, même si je le nie, j'avoue avoir quelques craintes. Je préfère encore me promener la journée que la nuit, je suis plus une fille du jour qu'une fille de nuit, et dans tous les sens du terme. Il faut dire qu'avec les nombreuses histoires narrées par mon frère et mon père, je ne me sens pas forcément en sécurité. Je ne sais pas s'ils m'ont toujours menti, amplifiant les histoires, pour me terrifier et me persuader de ne jamais me promener trop tard le soir ou si ce qu'ils m'ont raconté à une once de vérité, mais je ne préfère pas confirmer ni infirmer leurs dires alors autant prendre les précautions qu'il faut pour me protéger de toute intrusion étrangère. J'ai beau être naïve je ne vais pas non plus me laisser prendre par un fou furieux, rodant dans les rues, à la recherche d'une proie facile. Même si je n'ai pas beaucoup d'expériences en terme d'individus je pense que je suis capable de reconnaître le regard d'une personne dangereuse ou non, et même le comportement, il est facile d'émettre quelques doutes quant aux intentions de telle ou telle personne. Ah . . . pourquoi est-ce que Suk-Chin ne m'a t-il pas raccompagné jusqu'à chez moi ? En général il le fait, puisqu'il est du genre très protecteur avec moi, me surprotégeant même parfois un peu trop, comme si la protection de mon frère et de mon père ne suffisaient pas, mais aujourd'hui il était quelque peu pressé et j'ai bien vu dans son regard qu'il était quand même inquiet pour moi, me connaissant bien trop pour savoir que je suis capable de tomber dans le panneau d'un pervers. Je chasse ses idées de ma tête, continuant ma route, me disant que ce n'est pas la première fois que je marche seule aussi tardivement alors pourquoi devrai-je avoir plus peur ce soir que les autres soirs ?

C'est en marchant tranquillement que je me sens étrangement suivie, l'angoisse me prenant la gorge, avalant difficilement ma salive. Je tente de relativiser en me disant que ce n'est qu'une impression passagère, que ça va passer, que je suis juste trop inquiète. Mais en sentant une main posée sur mon épaule, je ne peux m'empêcher de me retourner et d'attaquer la personne, en lui faisant une prise de karaté, prenant son bras pour renverser la personne en arrière. Attaque défensive, « YAHAHAHA !!! ».
   

Pour quelle raison cela te démange-t-il autant ? Tu te grattes les avant bras, ta jambe, quant à elle, ne fait que tressauter. T’es assis là, sur le rebord d’une fontaine et tu t’ébouriffes les cheveux. Tu regardes tes ongles un instant et soudain, ta bouche se met à saliver alors petit à petit tu les approches : rongés, voilà comment ils finissent. « Fais chier ! » D’un bond, tu te lèves, résolu, le regard fixe vers l’horizon. Puis, tu te rends compte du ridicule de la situation et de tous les regards rivés sur ta personne… Tu en as peut-être un peu trop fait là. Tu passes ta main sur ta nuque et émet un petit rire léger avant de t’incliner pour on ne sait quelle raison. Et toi, jeune désabusé, tu fuis la grande place.

Il faut que tu la retrouves à tout prix pour éclairer ton esprit obstrué par ce qui pourrait ressembler à de la jalousie. Tes sourcils se froncent alors que tu marche en ligne droite. T’as l’air débile avec cette mine renfrognée mais c’est que dedans, ça cogite, et pas qu’un peu ! Tu l’as vu, plusieurs fois, dans la journée, avec un gars, toujours de dos en plus celui là ! Elle n’est pas censée avoir de petit copain… Et si entre-temps elle avait trouvé un rancard ? Tu ne te le pardonnerais pas, n’est-ce pas ? D’avoir raté ta chance ! Mais t’es tellement un boulet parfois…

Tu la vois enfin ! Un sourire niais s’élève sur ton visage et toi, tout heureux, tu te mets à la suivre, te disant qu’une surprise lui ferait plaisir ! Mais t’oublies quelques détails : il fait nuit, elle est seule, tu es baraqué et tout cela mélangé, ça ressemble à ce genre de situation où la fille se fait agressée. Elle doit avoir peur. Mais non, à ça, tu n’y penses toujours pas ! Alors une fois tout proche d’elle, derrière la jolie brune, tu poses une main sur son épaule pour la saluer. Et c’est quand tu t’apprêtes à sortir un joli ‘’salut ma belle !’’ que tu ne comprends plus trop ce qu’il se passe. Tu virevoltes, tu sens ton épaule crier et ton dos heurter violemment le sol. Tu es sonné. Ta main se pose automatiquement sur ton épaule douloureuse. Pourquoi faut-il que tu utilises toujours ce bras principalement ? C’est trop… trop risqué ! « Hyejeong-aaaaaah ! C’était que moi ! » Tu te relèves, deux de tensions avant de te masser la nuque. « Désolé, je voulais vraiment pas te faire peur ! » Tu ris, tu te sens un peu con puis, tu décides de te sauver de la honte. « Sacré réflexe ! Wow ! Tu dois être une championne quoi ! » Puis tu mimes des gestes de boxe en même temps que tu lui parles. Oui, tu n’y connais pas grand-chose en sport de combat et tu t’enfonces encore plus, mais c’est ça qui fait ton charme à ce qu’on dit.
   

Sur le moment je ne réfléchis pas plus et je me laisse agir, emportée par la peur d'être agressée. Ce n'est qu'en ouvrant les yeux, après avoir balancé la personne en avant, que je me rends brusquement compte de mon erreur, fatale soit-elle. Les yeux écarquillés, je reste quelques secondes inerte, ne sachant pas comment réagir face à ce préjudice que je viens de faire. J'avale difficilement ma salive et accours vers Ah In, quand je réalise enfin que c'est lui, honteuse de l'avoir, de nouveau, fait mal. « Omo, omo ! Ah in-ah, désolée, désolée, je ne savais pas que c'était toi », je me penche à plusieurs reprises en avant, essayant de trouver le moyen de me faire pardonner. Décidément, je devrai faire plus attention à ne pas blesser Ah In, puisque c'est souvent le cas. En même temps il n'a pas eu une très bonne idée en me suivant de loin comme il l'a fait, je suis une personne très méfiante et capable de me défendre, depuis le temps, il aurait dû le savoir. Je fronce des sourcils, inquiète pour lui et son bras si fragile, même s'il ne semble pas avoir la moindre blessure, en tout cas visible à l’œil nu. « Je . . . ». Je me mords la joue, essayant de me retenir pour ne pas me frapper. Je suis une idiote, une terrible idiote. Si je continue ainsi, il va finir par me fuir et ça, je ne le souhaite absolument pas. « C'est moi qui suis désolée, j'aurai dû attendre de voir le visage de la personne pour me défendre, désolée, vraiment désolée ». Je ne peux m'empêcher d'esquisser quand même un sourire quand il fait mine de faire de la boxe, le trouvant totalement adorable à agir de la sorte. J'ai comme le sentiment qu'il essaie, en vain, de me rassurer sur sa santé actuelle.

Je l'arrête subitement, en attrapant son bras, le tenant fermement, et faisant une petite grimace. Je l'attire vers moi, et regarde minutieusement son bras tout en faisant mine d'y donner quelques petites tapes, histoire de le masser. « ça va ? Tu n'as pas eu mal ? Tu n'es pas blessé ? Je n'ai pas envenimé la situation de ton bras ? Tu es sûr que ça ? Tu ne dis pas ça pour me rassurer et tu ne fais pas comme si tu n'avais pas eu mal juste parce que je suis une fille et que tu as trop de fierté, hein ? Dis moi la vérité Ah In ». C'est que, je suis réellement, sincèrement, inquiète pour lui et cela doit sûrement se voir sur mon visage crispé. « Tu sais que je peux te masser, juste pour me faire pardonner, dis moi ce que je peux faire pour me faire pardonner », je lui fais les yeux doux, approchant mon visage du sien, en clignant plusieurs fois des cils.
   

C’est pas la première fois que ça t’arrives avec Hye Jeong, et tu doutes que ce soit la dernière fois aussi. Tout ça, parce que ton cerveau ne sait plus cogiter convenablement, c’est fou. Même à l’instant, alors que ton épaule te fait souffrir, t’es ailleurs parce que la brune est trop craquante. Ton cœur s’affole et un sourire niais décore ton visage sans que tu ne t’en rendes compte. Tu deviens intensément cul-cul là, fais gaffe mon pote ! Soudainement, les propos de la belle te sortent de ta douce rêverie et ton sang ne fait qu’un tour. « Mais tu es folle ! Tu avais raison ! Tu veux faire quoi ? Attendre de voir la gueule d’un gars pour qu’il t’agresse plus facilement ??? Mais ça va pas ? J’avais qu’à faire attention ! OH ! »  Contre qui t’énerves-tu ? Elle ou toi ? Ou bien encore un de ces gars qui auraient pu vouloir la draguer, l’agresser, l’épouser, bref, contre un autre gars que toi ? (quoique toi, tu ne désires pas l’agresser, et tant mieux !)

Tes mouvements sont stoppés par la belle femme en fleur et redevenu comme un enfant sage, tu la laisses faire docilement. Elle est atrocement mignonne. Toi, jeune désabusé, tu as envie de la consoler, de la prendre dans tes bras pour ne plus jamais la lâcher, l’avoir que pour toi, égoïstement. Ton sourire reparaît, tes joues s’empourprent. Ma foi, t’es une minette ou un homme là ? « Je vais bien Hye Jeong, t’en fais pas. » Du moins, moralement, tu es au comble du bonheur ce soir, tu reçois sans doute même une surdose. Ta main se lève et sur une délicate mèche de cheveux que tu rabats derrière son oreille, elle est magnifique. Laisse-moi t’embrasser. Voilà ce que tu aimerais lui dire pour qu’elle se fasse pardonner, mais t’es bien trop trouillard pour ça. « Je veux bien… Que tu me masses, tu as des doigts de fée. » Autant en profiter un peu, non ? Puis comme ça, tu peux rester avec Hye Jeong un peu plus longtemps, et ça, tu aimes.  
   

Pourquoi est-ce que cela tombe toujours et immanquablement sur moi ? Je m'en veux tellement de faire subir une telle chose à Ah In, lui qui est si fragile du bras. Au lieu de faire attention à lui, j'envenime la situation en le blessant encore plus. Je suis sincèrement une idiote finie. J'écarquille les yeux quand Ah In monte le ton, assez brusquement, me surprenant et me faisant faire un pas en arrière, discrètement. Je cligne plusieurs fois des yeux, et baisse la tête, gênée. Je ne sais pas si je dois bien prendre ses paroles et les considérer comme un moyen indirect de me protéger des autres hommes pouvant éventuellement être dangereux ou s'il le dit avec d'autres intentions. « Je . . . suis désolée. Tu as raison, et puis de toute manière, me connaissant, je doute pouvoir attendre de voir le visage de la personne en question pour faire une prise, autant être rapide. Mais . . . », je le fixe quelques secondes, mords ma lèvre inférieure et chasse mes idées de ma tête. Il ne sait pas à quel point cela me blesse d'agir de la sorte avec lui, à quel point mon cœur gonfle chaque fois que je lui fais du mal. J'aimerai tellement être cette fille si parfaite à ses yeux, mais je ne le suis pas, au contraire, je suis pleine d'imperfections et cela me frustre énormément.
Je tente quand même de me rattraper et grimace quand il m'assure que tout va bien, malgré ma forte inquiétude. « Hum . . . si tu le dis alors je vais te croire, mais promets moi que c'est la vérité ». Je veux vraiment m'assurer qu'il ne me ment pas et qu'il n'a vraiment pas mal, même si au fond je sais que s'il me dit avoir mal, je risque de paniquer, plus que de raison. Mes joues s'empourprent violemment, sentant une chaleur émanée de celles-ci, lorsqu'il remet une mèche de cheveux derrière mon oreille, frissonnant face à ce contact.  Ah In . . . Mon cœur s'emballe et ma respiration se coupe quelques secondes, reprenant quelques secondes après, semblant pourtant durer une éternité. J'aurai tellement aimé que sa main se glisse ailleurs, qu'il caresse ma peau, et qu'il . . .  Je hoche vigoureusement de la tête. Je ne dois pas aller si loin, stop. Les rêves c'est pour le soir. Je lui fais un discret sourire, encore retournée par cet acte. « Ok alors asseyons nous sur le banc qui est là bas » dis-je en pointant du doigt le banc se trouvant non loin. Au moins je vais pouvoir me faire pardonner. Après que l'on se soit assis, je prends son bras fermement dans ma main et tente, du mieux que je peux, de le masser, doucement, prenant tout mon temps et essayant de toucher les zones sensibles. Heureusement qu'en tant qu'infirmière j'en connais assez sur tout ce qui entoure le massage, et je suis assez douée, je dois l'avouer. « Qu'est-ce que tu faisais dans les parages ? » demandais-je en continuant de le masser, le scrutant quelques secondes.