YOON EUNJI ☾ pretty devil complex

« la cuillère tu l'as pas eu que dans la gueule »
papa pdg d'une grande agence d'idoles connue, mère presque inconnue, t'as toujours vécu dans une richesse raisonnable. tu voulais, t'avais. ton père t'adorais. normal, t'as toujours pensé comme il a pensé. il t'a élevé, aussi, c'est p't'être lié. les femmes inférieures, l'or le bonheur du monde. profit, profit, on s'en fout de l'humain, il faut faire du profit. tu le suivais souvent à ses réunions, ou quand il causait à x ou y, t'étais curieux et lui voulait t'enseigner ton futur métier.
puis t'étais un môme capricieux, tu voulais toujours tout pour mieux jeter. t'as jamais rien gardé, que ce soit une relation ou un jouet, c'était la même pour toi. tout est fait pour être détruit, inutile et éphémère.
petit, t'avais des cours chez toi, ton père voulait pas qu'tu sortes, il voulait pas te polluer et te gâcher, il voulait t'garder pour lui, t'étais sa poupée, sa chose, son fils, son amour.
ta mère, tu la connaissais à peine. elle avait trompé ton père et il l'avait viré, même si lui, il baisait chaque meuf qu'il voyait. tu l'sais parce que tu les entendais, et tu faisais mine d'être sourd, sourd comme un pot, muet comme un mur, t'ignorais.

puis quand tu l'as voulu, t'es allé à l'école, et t'as découvert la monstruosité de la ville. t'as aimé, t'as adoré, tu t'es mis à tout dessiner, gribouiller. au départ, ça ressemblait à des vieux trucs immondes, incompréhensibles et pas du tout ressemblants, mais tu t'en foutais, t'adorais ça, recopier, montrer, garder.
et les autres gamins étaient horribles avec toi, t'avais pas d'amis. parce que de un, t'étais accompagné par un genre de garde du corps ou j'sais pas quoi, un type qui faisait dix fois ta taille et qui te suivait sans gêne.
puis t'avais un prénom d'fille, apparemment, t'étais une nana, t'étais efféminé selon eux, même. t'avais dix ans pourtant, même pas encore formé et on t'avait classé dans cette catégorie.
alors tu l'disais à ton père, et il se démerdait pour que les gamins s'excusent. t'étais heureux, t'étais le roi de l'école, t'avais du pouvoir et tu contrôlais, t'adorais.

et en grandissant, ça a continué. t'as vu ces gangs se déchirer entre eux, se détruire et se battre. toi t'étais au milieu, tu t'en foutais éperdument, jusqu'à ce que tu le rencontre. t'as tout de suite adhéré, les voir se jeter dessus, se battre, s'enrager. toi tu riais. t'étais le connard qui murmurait aux oreilles de chacun ce que l'autre disait. tu gardais rien pour toi, au contraire, t'enfonçais certaines haines plus profondément encore. et on t'as jamais suspecté, parce que t'as une gueule d'ange, un corps de femme, et les mecs aiment ça autant que les meufs. tu t'en sers comme arme, et jamais tu prendras part à cette guerre stupide et sans fin, parce que t'es trop occupé à dessiner les p'tites maisons et les immeubles. c'est plus beau qu'un homme, ça.